Challenges: Social entrepreneurship installed in China 法国财经杂志Challenges:初创社会企业落户中国

Challenges: Social entrepreneurship installed in China

法国财经杂志Challenges:初创社会企业落户中国

SYB mentionned in Challenges, a famous French magazine with a special emphasis on business and economic news. Read the article in French below: 

法国著名财经杂志Challenges报道提及海上青焙坊,阅读下文法文报道:

L’entrepreneuriat social s’installe en Chine

En partenariat avec FrenchFounders -réseau professionnel de dirigeants
et d’entrepreneurs francophones à l’étranger- Challenges publie une série d’états des lieux relatifs à l’entrepreneuriat social dans différentes régions du monde. Après Québec, voici le deuxième volet:

Parmi les lieux communs qui décrivent la Chine, on dit souvent qu’elle n’a gardé que le pire du capitalisme et le pire du communisme: un pays où la notion de profit prime dans les entreprises et où le droit du travail progresse, certes, mais est encore loin d’être idéal et parfaitement appliqué. Dans ces conditions, le concept d’entrepreneuriat social dans l’Empire du Milieu peut laisser sceptique. Et pourtant, de plus en plus d’entreprises y voient le jour, avec comme finalité non pas l’argent, mais la résolution de problèmes sociaux ou environnementaux.

Des jeunes éduqués

Si la notion d’entrepreneuriat social a doucement émergé dès 2004, avec notamment la traduction de quelques ouvrages de référence, 2008 a marqué un véritable tournant. Le tremblement de terre du Sichuan, faisant plus de 70 000 victimes, a été largement médiatisé, exposant aux yeux de tous la grande pauvreté de certaines zones rurales du pays.

La prise de conscience est alors enclenchée. Comme l’explique Ann Wang, co-fondatrice chinoise de la société We-Impact, qui aide les entreprises à s’investir d’avantage dans des politiques RSE, dans une interview donnée en 2012 : « Nos parents ont apporté le développement. Notre génération doit introduire la responsabilité sociale. »

Qui sont, dès lors, ces entrepreneurs sociaux ? Ils sont plutôt jeunes (63% ont moins de 40 ans), éduqués (100% possèdent un diplôme universitaire) et les femmes sont assez bien représentées (42%). Près de la moitié d’entre eux sont partis à l’étranger pour étudier (46%) ou travailler (54%). Leurs entreprises sont, elles aussi, jeunes : 54% ont moins de 3 ans, et parmi elles, 21% ont moins d’un an.*

Education, santé, commerce équitable, environnement… les initiatives sont nombreuses et les entreprises évoluent dans toutes sortes de secteurs d’activités. Quelques exemples : Shokay achète de la laine de yack à des producteurs tibétains, la transforme en pelotes et habits, et reverse 1% de ses revenus à la communauté ; Canyou est une société de services informatiques qui n’emploie que des personnes en situation de handicap ; the Squirrelz, lancé en Chine par une américaine née de parents chinois, est une plateforme de commerce spécialisée dans la valorisation créative des déchets ; l’association Shanghai Young Bakers forme de jeunes Chinois en difficulté à l’art de la boulangerie à la Française et leur trouve leur premier travail.

Un cadre juridique flou

La législation chinoise n’offre aucun cadre juridique particulier aux entrepreneurs sociaux. Ils peuvent choisir de s’enregistrer comme entreprise à but non lucratif, mais cela implique un contrôle fort du gouvernement, et n’est possible pour les ONG internationales que par l’établissement d’une Joint Venture avec une ONG Chinoise. L’appel direct aux dons particuliers est illégal: l’obtention de reçus pour déductions fiscales est un parcours du combattant pour les éventuelles entreprises donatrices ; le financement public n’est accessible qu’à condition d’être coopté par un organisme gouvernemental et d’accepter, de fait, de réduire son indépendance.

C’est probablement pourquoi 66% d’entre elles ont choisi de s’enregistrer comme entreprise à but lucratif, et qu’une part grossissante d’ONG cherchent à effectuer la transition. Cette autre option ne leur offre aucun avantage fiscal particulier, mais leur permet de commercialiser des biens et des services pour financer leurs actions.

Des investisseurs de plus en plus nombreux

Les entreprises sociales chinoises ne peuvent malheureusement pas toutes compter sur leur seul développement commercial pour se financer : seules 42% d’entre elles déclarent en effet être rentables. Mais l’attention des investisseurs pour ces entreprises qui servent l’intérêt public est grandissante.

Parmi eux, des fondations privées chinoises, telles que la Narada Foundation ou la China Social Entrepreneur Foundation (YouChange). Depuis quelques années, celles-ci se multiplient et se dédient à l’investissement d’impact et l’accompagnement des entreprises sociales.

Les organisations gouvernementales répondent également présent. Par exemple, le fonds 2012 Shanghai Community Venture Philanthropy Fund, initié par le bureau des affaires civiles de Shanghai et la fondation publique Shanghai Charity Development Foundation, a distribué 5 milliards de yuans pour supporter, entre autres, des projets concernant la santé des personnes âgées, les personnes en situation de handicap ou la diminution de la pauvreté.

On trouve également des organismes étrangers, comme la Ford Foundation et la SOW Asia Foundation, ou l’ONG britannique Bristish Council, qui a formé et mentoré 1.200 entrepreneurs sociaux chinois depuis 2009. Des fonds d’investissement privés, tels que Lanshan Social Investment ou Advantage Ventures, des sociétés de capital-risque, telles que Tsing Capital, Crédit Suisse ou IDG Ventures, ainsi que des entreprises socialement responsables, comme Lenovo ou  Starbucks, font également partie des potentiels investisseurs. L’Empire du Milieu semblerait donc aujourd’hui bel et bien prêt pour l’innovation sociale… d’où qu’elle vienne.

Stéphane Monsallier, fondateur de SYSTEM in MOTION, membre du réseau FrenchFounders